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Anonymat, pseudonymat, réseaux sociaux

14 août 2013

L’identité des médecins et étudiants en médecine sur les réseaux sociaux

Le texte ci-dessous est un résumé d’une présentation que j’ai faite dans le congrès Doctors2.0 and you de juin 2013.

Il reflète mon ressenti de médecin qui navigue un peu sur les réseaux sociaux, et une amorce de réponses aux questions qui se posent sur l’anonymat et le pseudonymat sur les réseaux sociaux.

Par convention, je dirai qu’on est anonyme quand on ne donne pas son identité et qu’on ne dit pas qu’on est médecin.

On utilise un pseudonyme quand on précise qu’on est médecin, mais qu’on ne divulgue pas son identité.

Pourquoi va-t-on sur un réseau social quand on est médecin, pourquoi y va-t-on sous son vrai nom ou sous pseudonyme ?

La question se pose différemment selon les réseaux sociaux, selon les utilisations, selon les utilisateurs.

Le conseil national de l’ordre des médecins a édictées des règles déontologiques à respecter sur les réseaux sociaux, je n’y reviens pas.

Evacuons immédiatement les réseaux sociaux de type professionnels, fermés, réservés aux médecins, sur lesquels l’identité est bien évidemment explicite, le contraire n’aurait pas de sens.

Sur Facebook la question est complexe.

Quand on va sur Facebook c’est pour se montrer. Cela ressemble à la vitrine d’un magasin, on en montre plus ou moins selon les gens qui passent, mais c’est une affiche, et on attend en retour des commentaires. On peut aussi sortir de sa vitrine pour voir les autres.

On conçoit mal quel serait l’intérêt d’un échange sous identité masquée puisque l’objectif est bien un affichage à un public plus ou moins large de données à caractère soit personnel, soit professionnel, soit mixte.

Cette dernière hypothèse, d’un Facebook mixte professionnel/personnel est à proscrire a priori en ce qui concerne les médecins, dans le sens où il est préférable que pour un médecin vie publique et vie privée soient bien séparées.

Le CNOM estime qu’il est préférable qu’un médecin n’ait pas ses patients pour « amis »…

Sur Google+, arrivé plus tard, le pseudonyme n’a pas été admis dès le départ, même si il existe des moyens de contourner les vérifications de Google.

Cela lui a permis d’être, entre autres, un réseau de type professionnel, mais lui a enlevé le côté spontané et exutoire de Twitter.

Sur Google + on présente et on reçoit des données, des images, des articles, des vidéos, bref de l’information.

Le site personnel d’un médecin n’est pas un réseau social. C’est une vitrine, mais elle lui appartient, il s’y présente, il parle de ce qu’il fait, le pseudonyme serait un non-sens.

Le blog, c’est plus personnel. C’est son espace, c’est chez soi. Bien sûr tout le monde peut entrer, mais on peut se livrer, plus ou moins. Si un médecin, identifié en tant que tel, raconte des histoires de médecin, il est obligé, non seulement de suffisamment modifier les histoires pour que les patients ne se reconnaissent pas, mais aussi pour qu’ils ne soient même pas identifiables.

Dans ce cas, le pseudo paraît utile.

On pourrait rétorquer qu’on n’a pas besoin de raconter ses histoires de médecin à la face du monde.

Je répondrais que les récits médicaux ont toujours existé, et je pense même qu’ils peuvent avoir un effet bénéfique, tant pour les médecins que pour les patients.

Sur la plupart de ces blogs, les commentaires de patients démontrent qu’ils sont le plus souvent reconnaissants aux auteurs d’exposer la face cachée de la médecine et des médecins.

Pour autant, est ce à dire qu’une liberté totale doive être laissé à l’auteur, qui se croit bien à l’abri derrière son pseudonyme?

Bien sûr que non.

Identifié publiquement comme médecin, quelle que soit sa véritable identité, il se doit de respecter, comme il le fait sous son nom, les règles déontologiques.

Enfin, Twitter.

La question semble moins se poser dans les pays anglo-saxons, où Twitter est vu comme un outil pour des communautés, supposant, de facto, que l’on y vient sous sa vraie identité.

Je vois le Twitter français, en tout cas celui que se sont approprié les médecins, comme une sorte de cour de récréation. On se côtoie, on s’amuse, on court dans tous les sens. et puis il faut rentrer en classe, et les mêmes personnes qui chahutaient redeviennent séreuses et travaillent. En tout cas en principe.

Et elles peuvent alors échanger des informations de type professionnel, se poser mutuellement des questions et y répondre, faire le compte rendu d’un congrès, etc.

La seule différence c’est que cet espace est public, ouvert à tous.

Tout le monde, ou presque, peut donc assister à ces échanges, à ces plaisanteries, à ces diagnostics, à ces conseils.

Quand on a envie de se défouler, ou bien quand, médecin, on raconte ses consultations, sollicite l’avis de ses confrères sur un cas, ou même quand on raconte des éléments de sa vie, on n’a pas forcément envie que son voisin, ou a fortiori son patient, vous identifie.

On pourrait alors se dire que, pour les médecins, il leur suffirait de ne pas s’identifier comme tels, d’être vraiment anonymes. Et la liberté leur serait rendue.

Oui mais être identifié comme médecin permet des échanges et des communications qui n’ont de sens que parce qu’on est identifié comme médecin.

Le pseudonyme me paraît, pour toutes ces raisons, parfois justifié.

Pour sécuriser les médecins qui utilisent un pseudo, et ceux qui les suivent, qu’ils soient médecins ou patients, le CNOM leur propose d’attester simplement que derrière ce pseudo c’est bien d’un médecin qu’il s’agit.

Finalement, le médecin sous pseudo doit toujours penser, quand il s’exprime, qu’il va être lu par des médecins, mais aussi par des patients.

Et ces patients, on ne doit pas leur donner l’impression qu’on se moque d’eux, qu’on les humilie, qu’on les méprise.

Là est sans doute le plus délicat sur Twitter.

Espace de défoulement, certes, mais espace public, ouvert à tous, et sur lequel, donc, le médecin se doit d’observer le même respect pour les autres que celui qu’il aurait dans la vraie vie.

La question n’est donc pas, finalement, le pseudonyme, pourquoi? Mais : le pseudonyme, comment?

Un pseudo pour permettre de s’exprimer librement, oui, si cette liberté va de pair avec le respect de la déontologie et le respect des patients.

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From → blog, CNOM

2 commentaires
  1. jlclouet permalink

    c’est un peu toujours la même histoire.
    Si je suis le médecin X. que j’exerce dans une bourgade de 500 habitants et que je raconte avoir vu un ecclésiastique ou un médecin, ou un boulanger qui se plaignait de telle maladie, le rapprochement est vite fait!
    Je suis tout à fait opposé à ce pseudonymat depuis Borrée, Jaddo, Winckler, qui au final finissent toujours par être connus.
    Le fait de s’exprimer sous son propre nom oblige à une certaine retenue, un respect déontologique de ses patients et une relecture ad libitum de ses écrits pour être certain de ne pas écrire trop de sottises.
    Bien sûr les personnes nommées ci dessus n’ont rien à voir avec une quelconque critique puisque leurs écrits sont particulièrement respectueux de la déontologie et de la vie privée.
    Mais pourquoi se cacher??
    Se la jouer à la Emile Ajar??
    Si j’écris que j’ai une amie du sud de la france qui a un blog et qui fut conseiller national et patin couffin, il y a de fortes chances qu’on nous reconnaisse!
    J’avais commencé à écrire sur twitter sous un pseudo et j’ai vite modifié mon point de vue.
    En fait il faut savoir se faire respecter et dire franchement ce que l’on a sur le coeur lorsque l’on a des responsabilités.
    Je viens de lire le blog de Mélenchon et c’est à ce titre assez édifiant….

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